«Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître (…) » (La Bohème ; Charles Aznavour)…et la plupart d’entre nous également !
Eh oui, car, à part dans la phrase scabreuse Il eût fallu que je le s…, que beaucoup ont déjà citée ou entendue😉, l’imparfait du subjonctif a disparu de nos échanges, qu’ils soient écrits ou oraux. Au mieux, il est utilisé de-ci de-là par quelques irréductibles gaulois esthètes de la langue française, soucieux de faire un ou deux effets littéraires bienvenus.
C’est pourquoi, de mon côté, même si je suis sensible à son aspect chantant (J’aurais voulu qu’ils vinssent sonne tellement mieux à mes oreilles que Ah, s’ils étaient venus), je ne l’enseigne pas… d’autant plus qu’il se forme sur une base de passé simple, à son tour en voie de disparition !😓
Doit-on le regretter ? A chacun son avis. Mais sachez que son enterrement ne date pas d’hier : dès 1901 – il y a donc plus d’un siècle – une réforme de l’enseignement tolérait déjà son remplacement par un subjonctif présent dans certaines conditions. Le fait que nous le lisions encore dans quelques textes contemporains démontre la lenteur de son agonie ou, comme le diront les partisans d’une simplification du français à outrance, son maintien sous respirateur artificiel par une poignée de traditionnalistes rétrogrades (Oui, je sais : c’est un pléonasme😏).
Je voudrais néanmoins vous partager quelques-unes des savoureuses phrases que ce temps oublié a engendrées :
– Il serait dommage qu’à trop manger de gâteaux, un jour vous en pâtissiez (verbe pâtir)😅
– Ce que vous écrivîtes dans la marge, encore eut-il fallu que nous l’observassions (et non pas observation)
– Docteur, ma femme est clouée au lit, je souhaiterais que vous la vissiez (verbe voir)😜
– J’aurais aimé qu’elle grognasse un court instant plutôt qu’elle ne tirasse une sale gueule durant un long moment. (verbes grogner et tirer)
Après cela, êtes-vous toujours convaincu que ce temps devait disparaître ?😉